Sénégal : vers l’adaptation au changement climatique

L’accès à l’électricité n’est pas une fin en soi. Il faut davantage travailler sur les écosystèmes autour de l’énergie en renforçant, d’une part, l’accès aux services essentiels que permet l’électricité et, d’autre part, l’appui au développement d’activités productives. Cette approche holistique doit inclure l’adaptation aux effets du réchauffement climatique et la protection des ressources naturelles afin d’anticiper et prévenir les impacts de futures catastrophes écologiques et humaines. Pour ce faire, il est nécessaire de s’appuyer sur la collaboration d’acteurs aux expertises complémentaires, afin de couvrir toutes les thématiques de manière pertinente.

Au mois de juin, la Fondem a annoncé sa volonté de travailler activement sur cette approche avec le lancement de deux projets-pilotes en Casamance.

SEMER - STIMULER LA FILIÈRE MARAÎCHAGE

La Casamance dispose d’un fort potentiel maraîcher, mais qui demeure sous-exploité à cause de plusieurs facteurs perpétuant une situation d’insécurité alimentaire :

  • la réduction et la salinisation des eaux de surface et des nappes phréatiques, ainsi qu’une absence de concertation et de mécanisme de gestion efficace des ressources en eau qui génèrent de nombreux conflits.
  • le manque d’organisation de la filière et l’absence de planification qui entrainent d’énormes pertes pour la filière et une perte de contrôle sur les prix des produits ;
  • le déficit de magasins de stockage et le faible niveau de développement de la chaîne des valeurs post-récolte (stockage et commercialisation) ;

L’objectif ? Améliorer les conditions de vie et les revenus des agricultrices pratiquant le maraîchage dans la commune de Nyassia, en s’appuyant sur une gestion durable des équipements électriques (pompes solaires) et des ressources en eau. Nyassia a été choisie comme site de démonstration pour plusieurs raisons : sa proximité avec une zone urbaine, son dynamisme agricole, le retour progressif de la population après le conflit indépendantiste, ainsi que l’intégration d’un volet maraîchage dans son plan de développement local.

Le projet SEMER vise à créer un guide pour le développement de la filière en Casamance tout en renforçant la gouvernance locale pour une gestion durable des ressources en eau et en électricité. 

1. Améliorer durablement les conditions de vie et les revenus des femmes pratiquant le maraîchage dans la commune.

Cela passera par un diagnostic sur les expériences passées de soutien au maraichage, une étude sur le genre en vue d’établir un cadre d’action genre adapté à la réalité du contexte local, un appui à l’acquisition des infrastructures et à la formalisation de leur activité économique, des formations en maintenance, des pratiques agro-écologiques ou encore la construction d’un magasin de stockage.

2. Pérenniser un système innovant de gestion des infrastructures électriques et de la ressource en eau.

Cela passera par un renforcement des compétences de la commune pour accompagner les groupements de promotion féminine (GPF), la mise en place d’un organe de gouvernance et d’un outil dynamique pour la gestion de l’eau selon une approche des communs, et la création d’un mécanisme opérateur-GPF pour la maintenance des infrastructures.

3. Évaluer les effets du projet en vue d’établir un possible changement d’échelle de l’initiative.

L’ambition de SEMER est de privilégier les initiatives les plus pertinentes et de capitaliser sur l’expérience de ce démonstrateur. Une seconde phase est envisagée pour une mise à l’échelle du projet reprenant les bonnes pratiques identifiées au sein du démonstrateur. Celle-ci aboutira à la création d’un guide d’appui au maraichage et à l’eau productive en Casamance. Des ateliers de restitution et de diffusion des résultats seront organisés au bénéfice des acteurs du développement locaux et internationaux.

Partenariat

KASOFOR - VERS LA RÉSILIENCE

Les îles Karones, également situées en Casamance, souffrent des conséquences du réchauffement climatique (montées des eaux, modification du cycle hydrologique…) ainsi que de leur isolement géographique. Les conditions de vie dans cette zone se détériorent rapidement. Répondant à la demande du Conseil départemental de Bignona en partenariat avec un consortium d’ONG, la Fondem développe le projet Kasofor avec le Centre écologique Albert Schweitzer et l’association belge Eclosio. Le projet a pour but de contribuer à l’augmentation de la résilience des populations face aux effets du changement climatique. 

1. Promouvoir le développement d’activités productives durables et résilientes pour les communautés isolées des îles.

S’appuyant sur un accès renforcé à l’électricité et à l’eau, les mini-centrales solaires existantes bénéficieront de la demande supplémentaire en électricité et des revenus ainsi générés. De plus, la mobilité douce sera promue auprès des pêcheurs grâce à la fourniture de moteurs électriques et de stations de recharge sur les centrales.

2. Stimuler une gouvernance locale pour une gestion durable des ressources naturelles (protection des mangroves) et une collaboration multi- acteurs (acteurs étatiques, les collectivités territoriales, les communautés et la société civile locale).

3. Capitaliser sur l’approche holistique ainsi appliquée et répliquer si possible à d’autres territoires vulnérables.

© Marie-Pierre Diéterlé - projet ÉGALES

Partenariat

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